bg image

Epilogue

Des centaines de personnes affluent dans les couloirs de la commune de Woluwé Saint Pierre. C’est le Salon de l’Emploi. A l’entrée, un homme en costume interpelle les passants : « Vous êtes indépendants? Ça tombe bien, je suis conseiller financier, vous en aurez besoin ! », clame-t-il haut et fort. Les gens passent leur chemin. Ils continuent plus loin, vers les stands tenus par plusieurs organismes : Actiris, ONEM, STIB, boîtes d’interim. Il y a même un guichet de recrutement de la police.

« Mon jeune garçon, je vous conseille de rechercher un poste de salarié avant de vous lancer seul, sinon vous allez vous casser la figure! », dit un conseiller de chez Actiris à un étudiant un peu trop ambitieux. Ce dernier va alors continuer son chemin et prendre la température du côté des stands pour indépendants. Il y en a deux sur l’ensemble du salon : Ceraction et JobYourself, deux organismes d’accompagnement. « Combien d’argent me faut-il pour lancer mon entreprise de consultance en communication? », demande l’étudiant. « Oh, ça dépend si vous voulez vous lancer à Bruxelles, ce sera moins, ou dans le monde entier, ce sera plus », répond vaguement un conseiller.

Un peu plus loin, la tenante d’un stand interpelle le jeune homme : « Vous cherchez du travail? » – « Oui, ma parole ! Je suis indépendant ! », répond l’étudiant avec enthousiasme. Mais le regard de la dame se mue en désintérêt : « Ah, désolé, on ne peut pas vous aider ». L’après-midi n’a pas été vraiment productive pour le futur entrepreneur.

Conclusion slide 2

Plus de questions que de réponses ressortent de cette petite escapade pour le jeune homme. Il faut bien l’avouer, le mot « emploi » dans « Salon de l’emploi » ne rimait pas forcément avec « création d’une nouvelle entreprise ».

Costard enfilé, l’étudiant s’est alors aventuré dans le Salon Entreprendre à Tour et Taxis, deux semaines plus tard. Là, c’est la forêt des costumes bien taillés, des cartes de visite qui affluent dans tous les sens. Pas de doute, c’est ici qu’il faut se renseigner !

Les politiques sont tous là, en plus. Le temps pour une petite causerie avec notre futur entrepreneur …

bg image

Conclusion – Video Borsus

Willy Borsus, ministre fédéral des Indépendants (MR)

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion slide 4 – transition Borsus/Gosuin

« Un esprit d’entreprendre trop bas »

A la lumière des chiffres qu’il consulte, l’étudiant voit que les propos de Willy Borsus trouvent un écho : en 2011, la Belgique a créé 28.600 entreprises par rapport aux 101.500 nouvelles entreprises du voisin hollandais (source : Eurostat).

C’est sûr, ils ne sont pas nombreux à se lancer en Belgique, comparé aux Pays-Bas. Démarrer doit sans doute être plus compliqué chez nous. Dans le centre du salon, un immense espace publicitaire d’ING est installé. Le jeune homme passe son chemin : ce n’est pas là qu’il obtiendra son crédit. Pourtant, « il me faut bien un magot pour commencer », se dit-il.

Et là, une miriade de petits guichets s’offrent à lui. Une fois de plus, la clique habituelle est présente. Par où commencer ? « Je veux me renseigner sur le statut juridique de l’indépendant » – Allez voir Ceraction« Je n’ai pas de fonds propres » – Allez voir Microstart« Je veux me renseigner sur mes cotisations sociales » – Allez voir du côté des guichets locaux d’entreprise !

Autant d’organismes pour autant de questions. L’accumulation indigeste de toutes ces formalités, de toutes ces cases à remplir, monte à la tête du futur entrepreneur, qui ne sait d’ailleurs plus ou en donner.

bg image

Conclusion – Video Gosuin

Didier Gosuin, ministre bruxellois de l’emploi (FDF)

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion slide 6

Bruxelles : un terreau favorable à l’entrepreneuriat ?

Pas forcément. Selon Fabienne Malaise du Centre pour Entreprises en difficulté, seulement 3 individus sur 10 iraient au bout de leur démarche de création.

Si 3 sur 10 aboutissent tout de même à la création de leur emploi, qu’en est-t-il des 7 autres ? Tout ce temps et cette énergie dépensés n’auraient donc servi à rien ?

Maryem Ben Hadj, coach en création d’entreprise au sein du guichet d’économie locale de Bruxelles, voit les choses autrement : « Même si on échoue, il ne faut pas considérer cette expérience comme un échec. La démarche doit être valorisée. Que ce soit pour la recherche d’un nouvel emploi, ou même pour démarrer un nouveau projet. »

Il reste donc beaucoup à faire pour donner envie à l’indépendant d’entreprendre dans notre pays.

Selon le bureau d’études de l’Union des Classes Moyennes (UCM), la diminution du nombre des starters – donc ceux qui viennent de lancer leur entreprise – est une réalité à travers plusieurs régions du pays. A Bruxelles, cette diminution a été moins drastique : un recul de 3,03% en 2013 par rapport à l’année précédente, contre une diminution de 8% en Flandre, et de 7% en Wallonie.

Peut-être faut-il motiver cette volonté d’entreprendre en donnant aux indépendants des moyens à la mesure de leurs ambitions ? Cependant, cette motivation ne saurait être uniquement politique (avec des réformes administratives et fiscales), et sociale (comme la hausse des pensions déjà effective). Elle pourrait également être davantage axée sur l’instruction, en donnant une visibilité plus forte à l’entrepreneuriat dans les parcours universitaires et scolaires.

Le nombre excessif d’organismes d’accompagnement pose également un problème de tri dans le processus de lancement de l’activité. Repenser l’agencement de ces structures est une hypothèse recommandable.

Créer son propre emploi : une alternative au salariat ?

Pourquoi pas. Toutefois, cela dépend beaucoup des objectifs de chacun. Être indépendant, c’est un mode de vie. La séparation entre le travail et la vie privée est moins ténue : les patrimoines des deux activités peuvent être confondus si on ne se met pas en société.

Plus encore, toute votre vie quotidienne sera bouleversée. Les intervenants de ce webdocumentaire ont tous témoigné des longues heures de travail et des responsabilités parfois insoutenables. Mais tous avaient les mêmes caractéristiques : l’application dans leur travail, le fait d’être bien entouré, la parfaite connaissance de leur environnement, et une énorme capacité d’adaptation.

Finalement, ces qualités résument assez bien l’entrepreneuriat. C’est à la fois un avantage et un inconvénient : tout repose sur vous.