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S’organiser

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Si certaines sociétés peuvent devenir pérennes très rapidement, voire envisager de se développer au bout d’un an d’existence, ce n’est pas le cas pour d’autres. Galères, comptabilités, accidents de travail, factures à payer, stress, … Comme de nombreux entrepreneurs avant lui, Sébastien faisait face à toutes ces embûches, il n’y a encore pas si longtemps.

« Avant de démarrer je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de tâches à accomplir. Il faut énormément de rigueur pour être entrepreneur », raconte-t-il. « Ça m’a quand même pris quatre ou cinq ans pour que ma société soit stable. »

Dès lors, l’organisation devient la clé pour la survie d’un projet. Sans elle, les risques de faillite augmentent considérablement.

Facile à dire : s’organiser n’est pas forcément inné pour tout le monde. Comme nous le découvrirons à travers le chemin de croix de ce jeune indépendant, si cette faculté peut s’apprendre, elle peut aussi s’acheter.

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Les jardins n’attendent pas

 

18h. La journée a été longue pour Sébastien. Sur la route depuis 8h du matin à bord de son gros 4X4, il commence à peine à décharger ses tronçonneuses, tailles haies et autres tondeuses à gazon. « Il a fait beau aujourd’hui, mais que ça fait du bien quand ça s’arrête », souffle-t-il, encore dégoulinant de sueur. Avant d’ajouter : « Il faut encore que je trouve le temps de régler la paperasse. »

Le jeune homme est jardinier depuis maintenant sept ans. Auparavant salarié, il en a rapidement eu assez de travailler « comme un acharné », pour un patron qui « le paye des misères », comme il dit.

« J’ai travaillé pour deux ou trois chefs de chantier pendant une grosse année, mais j’ai rapidement remarqué que c’était plus intéressant pour moi de travailler à mon compte », explique-t-il entre deux coups de téléphone. Il ajoute : « Là, je viens de distribuer 1.000 flyers, ça marche du tonnerre. »

En 2010, il prend son envol et lance « Thinking Trees », sa société de jardinage. Si elle semble être pérenne aujourd’hui, ce ne fût pourtant pas de tout repos.

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Ces obligations peuvent être laborieuses et faire perdre un temps précieux à l’indépendant. Pour éviter tout retard ou toute erreur, il existe des organismes comme les guichets d’entreprise. Ils proposent un service payant pour s’occuper de toutes les charges administratives : de l’accompagnement à la recherche de subsides, en passant par le coaching et l’aide à la comptabilité. « C’est ce qui distingue les guichets d’entreprise des autres organismes de la Région bruxelloise », explique Nathalie Namurois, conseillère chez Securex. « Les autres ne font généralement qu’une partie du travail. Il y a des organismes d’accompagnement, de coaching, de microcrédit, des coopératives d’activité, etc. Nous, on propose de s’occuper de tout cela, moyennant paiement. »

Avec ces tarifs, un tel service peut en rebuter plus d’un, mais peut parfois s’avérer fondamental pour la survie de l’activité. C’est le cas pour notre jardinier. « Pour moi, faire appel à un comptable et à Securex est inévitable. Ça coûte de l’argent mais je n’ai pas les compétences nécessaires, et surtout pas le temps de m’occuper de tout cela. Ces démarches ne se font pas en un claquement de doigts, et je ne peux pas me permettre de perdre un ou deux jours de travail. »

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Rester stable : l’indépendant comme un funambule

 

Aujourd’hui, la société de Sébastien est relativement stable. En cas de coups durs, sa société peut continuer à tourner pendant au moins deux mois. Ce laps de temps peut sembler court mais en réalité, tous ne peuvent pas se targuer de disposer d’autant de temps. Retards de paiements, fidélisation difficile de la clientèle, problèmes juridiques, maladie, mauvaise stratégie, manque de compétences, … Les raisons qui mènent à la faillite sont nombreuses. Alors comment y faire face ? Comment l’éviter ?

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Julien Didier

 

Julien Didier, conseiller en création d’entreprise pour l’ASBL d’accompagnement Ceraction, donne quelques conseils pour éviter d’aller droit dans le mur : « Il faut avant tout bien se préparer et être capable de revoir ses idées, de les remodeler. Il faut ensuite bien s’entourer. Un réseau professionnel et privé qui peut soutenir l’indépendant est primordial. Et enfin une des plus grandes causes de faillite réside dans les problèmes de trésorerie. Il faut qu’il y ait constamment assez d’argent dans la société pour ne pas se retrouver à sec. »

 

Ces conseils bien avisés, Sébastien semble les avoir suivi à la lettre, et ce malgré qu’il n’ait jamais fait appel à un organisme d’accompagnement. « Pour ma part, j’ai juste pensé boulot boulot boulot. Que je sois malade, qu’il pleuve, qu’il neige, je suis tous les jours à 8h sur mes chantiers. Evidemment, ce n’est pas drôle tous les jours mais il n’y a pas de secret, être indépendant c’est se priver de sa famille, de ses amis, … pour mieux les retrouver plus tard si ça fonctionne », explique-t-il. « Et puis, je me suis lancé en connaissance de cause. J’avais déjà travaillé dans les jardins, je m’étais fait une clientèle grâce à mes anciens patrons. Et j’ai surtout étudié l’horticulture à Gembloux, ce qui me permet d’en connaître un rayon sur les jardins. »

Des propos qui vont dans le même sens que ceux de Fabienne Malaise, conseillère financier pour le Centre pour Entreprises en difficulté :

 

Selon le jardinier, le paiement des cotisations sociales est une réelle barrière à l’entrepreneuriat : « J’en ai quand même pour 790 euros par trimestre. En plus du salaire à se payer, c’est beaucoup ». Mais si le statut social des indépendants reste moins avantageux que celui des travailleurs salariés, il est en nette amélioration depuis dix ans, explique Guido Van Limberghen, professeur de droit à la VUB et spécialisé dans le statut social des indépendants.

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Guido Van Limberghen

Une amélioration qui se fait ressentir, notamment en cas de période creuse:

« L’indépendant peut faire la demande de payer moins de cotisations sociales. Pour cela, il devra prouver que ses revenus sont en baisse. Il payera alors des cotisations sur l’estimation de ses revenus actuels, et non plus sur ses revenus d’il y a trois ans. »

En outre, il existe aussi une assurance faillite qui protège les indépendants. Elle garantit non seulement le paiement d’une indemnité mensuelle pendant un an (contre seulement deux mois auparavant), mais aussi le maintien des droits en matière de prestations familiales et de soins de santé, pendant quatre trimestres.

Si cela va mieux, « les autorités publiques peuvent encore faire mieux », nuance tout de même Guido Van Limberghen.

 

Comme un funambule en équilibre au dessus du vide, l’indépendant doit garder les épaules droites pour éviter tout pas de travers qui ferait chuter son entreprise. Le parcours est ardu et parsemé d’imprévus. Il faut donc être attentif : en tant qu’entrepreneur, on peut trébucher à tout moment. Il importe dès lors de penser, avant même de marcher sur le fil hasardeux de l’autocréation d’emploi, à bien s’attacher à un ou plusieurs harnais de sécurité. Mais une fois les premiers mètres derrière lui, et la stabilité assurée, l’indépendant peut songer à se développer.